On connaît la passion de Daniel Rozensztroch pour les objets d’usage. Cet insatiable curieux consacre aujourd’hui un livre à la cuillère et raconte en images l’histoire insoupçonnée de cet ustensile basique. Pour fêter sa sortie, l’ouvrage sera présenté chez Merci à l’occasion de l’exposition Nouvelle Table et dédicacé par l’auteur.
Tous sens en éveil, le coeur battant, Daniel Rozensztroch écume brocantes, puces et vide-greniers du monde entier. Depuis des années, ce collectionneur compulsif et infatigable globe-trotter profite de ses voyages pour dénicher, débusquer, amasser, rassembler de modestes objets de la vie quotidienne. Il n’en finit pas de tomber amoureux d’ustensiles en fil de fer, de brosses, de cintres, de terrines à hareng…, extraordinaire éventail de pièces qui racontent avec poésie l’évolution des modes de vie. Aujourd’hui, c’est sa passion des cuillères qu’il nous fait partager en nous révélant, dans un livre passionnant, des centaines de spécimens issus de sa collection de plus de deux mille pièces, patiemment réunie en dix ans. Et l’on comprend alors sa fascination pour ce couvert tout simple qui a traversé les époques, les civilisations, les continents, et son émotion devant son universalité.
Chacun de ces trésors est présenté sur un fond sobre et brut qui révèle sa singularité et sa beauté. Avec les différentes matières pour fil conducteur, Daniel Rozensztroch nous fait découvrir l’immense diversité des origines, formes, dimensions et fonctions de cet ustensile ordinaire. Qu’elles soient en bois, en métal, en tôle émaillée ou, plus précieuses, en nacre ou en corne, il y a les cuillères pour le sel, la moutarde, l’oeuf, le riz, l’absinthe, le melon, la glace, l’olive, celles encore pour le pique-nique ou le voyage, avec manche repliable. Certaines, en os, très élaborées, sont sculptées par des marins sur les bateaux rapportant les défenses d’éléphant ou gravées pour commémorer un lieu ou un événement. D’autres, plus primitives, sont fabriquées à partir d’une branche d’arbre à peine écorcée dont l’une des extrémités est évidée.
Toutes portent la trace de la main de l’homme.
Et c’est ce qui émeut et fait sens. Mais loin d’une quelconque nostalgie, Daniel Rozensztroch ancre sa collection dans la modernité avec des créations contemporaines signées par des artistes, des bijoutiers, des designers de renommée internationale - comme Laurence Brabant, Gabi Veit, Naho Kamado, Alexa Lixfeld, Patricia Veiljeux et bien d’autres - qui se sont emparé de cet accessoire si familier et l’ont interprété avec talent et sensibilité.
«Cuillère» ? Un livre en forme de leçon de choses qui change notre regard sur les humbles objets et nous apprend à y voir des petits chefs-d’oeuvre.
“Cuillère”, par Daniel Rozensztroch, photographies Francis Amiand, éd. Pointed Leaf Press